mercredi 11 septembre 2013

Beethoven LOVE 2013 (Chicago) jour 5

Pendant toute la durée du Beethoven Festival LOVE 2013, Mélanie Rivet, qui est ma conjointe et qui me représente à Chicago, tient un journal sur son périple, empruntant au ton de la BD symphonique Ludwig (Éditions Art global/Neige-galerie) et des Lettres à l'Immortelle Bien-aimée...


Œuvre de Jyl Bonaguro.
[mardi 10 septembre, Chicago, 11:21]

"À la Carravaggio!"

Ludwig, planche 6:33
À la manière de Caravage, c'est un peu la façon que je vis ce voyage, cher Christian. D'ombres et de lumières, comme dirait Dominique Laurent. Mais comme chez Vermeer, il y a une fine beauté à ces ombrages colorés, et je tente de les savourer.

Aujourd'hui, je vais te parler de nouvelles rencontres artistiques qui m'ont nourrie, question de les cristalliser. Tout d'abord, Garsot, dimanche soir. Revenant du petit restaurant mexicain du coin, buritos à la main, (et oui, il n'y a pas que le grec après tout!), j'ai découvert sa galerie tout près du Parthon Hostel où je loge sur Halsted. J'avais besoin de lumière, et, malgré l'heure tardive, je l'ai trouvée! Ses œuvres sont dynamiques, lumineuses, à première vue un peu naïves... Et malgré la palette de couleurs qui est assez loin de ce qui m'interpelle habituellement, elles m'ont tout de suite fait du bien. Il passe du dripping, à la manière de Pollock, avec des matières très denses et lustrées, dans une composition mis abstraite mi figurative, vers Dali, et Picasso tout en un, par des sujets voisins aux leurs et une composition un brin constructiviste. Parfois le détail, la transparence et la finesse me rappellent même Botticelli, d'autre fois il y a un kitch américain épouvantable (une œuvre sur Michael Jackson). Mais tout cela dans la bonne humeur, avec un espoir débordant. Tout à fait ce dont j'avais besoin. Garsot est un artiste de métier, qui peint, expose et vend depuis belle lurette. Il a son style, et l'entendre exprimer le processus de création de chacune de ses œuvres est un vrai petit bonheur pour moi. Il crée aussi de la musique, il m'a d'ailleurs gentiment offert un cd, que je ne peux lire puisque je n'ai pas accès à un lecteur. Bref, une très belle rencontre. Je lui ai montré ton livre Ludwig, je voyais en son travail et le tien quelques similitudes de composition parfois, en plus de la recherche de la lumière. Il a apprécié. C'était bon de le voir lire ton livre, s'attardant sur certaines pages avec son doigt, parcourant de l'index l'espace de l'image que balayait son regard. J'ai pu voir qu'il te lisait, il suivait le fil inhérent à chaque composition. Fascinant. Il a apprécié la qualité de ta technique. La planche 6:33, où la Cathédrale St-Paul sert de chapeau à Beethoven et où l'on voit une voiture des années 20 l'a particulièrement interpellé. Parlant de voitures, deux belles d'autrefois ont pris le temps de se faire admirer près du lieu du festival, je t'envoie les photos, je vois que je n'ai pas accès à internet ici pour le moment, alors je devrai attendre un peu que le signal revienne.


Le quartier grec.
Un tableau de Garsot.


Garsot et Mélanie Rivet.

Ensuite, il y a eu Spencer Hutchison. Bien que je le côtoie depuis les premiers jours du festival, puisque nous partageons la même salle où il tient une performance sonore, hier pendant le concert de 18 h il m'a vue écrire et nous nous avons échangé des liens vers nos créations respectives.  Il crée surtout de la musique électronique en ce moment, mais c'est aussi un peintre, et il écrit de la poésie. C'est un très bon ami d'Aurélien, le directeur musical du festival, et ami de George Lepauw aussi je crois.  Il sera absent pour le reste du festival alors je suis bien contente d'avoir pu échanger avec lui. Sa musique, que j'écoutais hier soir sur le net, est relaxante et enveloppante. Tout à fait idéale pour écrire.  Il est francophile alors nous avons échangé tour à tour en français et en anglais. Ses œuvres picturales sont particulières, très modernes. J'ai apprécié celle qui est titrée A Tribute to Black Actresses car il y a des textures, collages, techniques que j'aime, mais aussi une étrange expressivité, une prise de parole en image, dans les regards,  qui me met un peu dans l'atmosphère de l'exposition  sur le vaudou que j'ai visitée avec le conservateur du Musée Canadien des civilisations... Legacy, une autre de ses toiles, me plait bien, mais je crois que le format web n'est pas le meilleur pour apprécier adéquatement son travail.

Finalement, nous avons eu le bonheur d'entendre une artiste extra (Jyl Bonaguro) nous parler de son installation de sculptures itinérantes hier. Elle a conçu son travail à propos de la mouvance des relations interpersonnelles par deux corps (têtes fracturées et torses) qui sont positionnés presque l'un vers l'autre, par terre, en plusieurs répliques, et ces installations bougent, c'est-à-dire qu'elles changent d'endroit tous les jours. Démontrant ainsi la mouvance des relations. Le feeling est vraiment là. Pour les avoir vues déjà à au moins trois endroits différents depuis le début du festival, et moi qui ne suis pas tout à fait la même car chaque seconde vécue nous transforme un peu. .. Cette installation m'en fait prendre pleinement conscience! Je peux confirmer que sa démarche est très efficace!

J'ai aussi mis les pieds hier au Haymarket, pub and theater, juste un peu plus au nord que mon hôtel sur Halsted.Il y avait une soirée de slam story telling. Assez chouette, mais c'était bondé et je n'ai pu rester bien longtemps pour en profiter, debout pendant trop longtemps sur place est difficile pour Mon cher dos. Mais j'ai vraiment pu voir là la différence de culture. C'est la première fois depuis mon arrivée que je réalise pleinement que je suis aux États-Unis, avec un autre peuple que le mien. Ce qui est amusant, c'est que j'ai appris ce matin que ce sera Julie Dirwimer, une canadienne d'origine française, qui représentera le Québec à la coupe du monde en France cette année! Le monde dans le creux de nos mains!;)

En passant, ici plusieurs artistes et musiciens rêvent de Montréal , ils la voient pleine de promesses et agréable, stimulante, riche... Un peu comme bien des artistes de chez nous rêvent de New York. La cour du voisin, éternelle objet de convoitise ;)

Voilà, je conclus cette lettre en te disant que j'apprécie chaque seconde où nous avons la chance d'échanger tous les deux, que ce soit de façon plus personnelle, à propos du voyage, de ton travail exposé ici ou de celui que tu es en train de faire... Je file, beaucoup de travail m'attends. Tu es avec moi.

Avec tout mon amour, je file vers la lumière de la mi-journée dans la belle Chicago!

Mélanie

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